Nous approchons d'un scrutin où se révèlera que rien n'a changé et que tout a changé.
Les partis continuent leurs petits jeux stériles qui bloquent toute expression politique populaire.
À droite, l'UMP a allumé un feu pour réchauffer les ardeurs nationalistes à son profit. Elle a soufflé sur les cendres du Front national. Le parti sarkoziste ne pourra, sur un scrutin proportionnel à deux tours, renouveler le coup de son demi-succès des Européennes...
Les partis-charnières huilent plus facilement leurs gonds quand s'approche le moment où se plie le scrutin, pour l'inévitable second tour. Le MODEM, dominé par sa haine de Sarkozy, regarde, avec gourmandise, une situation où tout se délite, et avec l'espoir qu'on ne puisse faire autrement que de faire appel à lui, pour dévorer le gâteau.
Dans l'ex-gauche, celle qui est méconnaissable pour avoir renoncé à ce qui l'a vu naître (la solidarité effective et non verbale avec les plus démunis et l'anticapitalisme conséquent), on va sauver les meubles. Le PS conservera la direction de nombre de régions, en bénéficiant de la solidarité antigouvernementale de second tour. Il se croira sauvé. Il n'en sera rien.
Dans la gauche dite "anticapitaliste", la chapelle a bouclé ses portes. Sauf exceptions, rares, le NPA fera cavalier seul. Son "antitoutisme" lui coutera cher, mais ça lui est égal. Le NPA ne pèse déjà guère plus lourd que la LCR : fin de partie pour Olivier Besancenot et ses amis. La rigidité a fait son œuvre mortifère.
Dans la gauche qui se dit volontiers "responsable", le PCF a calculé que, 17 fois sur 22, l'alliance avec le PG lui permettrait, au second tour, de sauver autant d'élus qu'en s'alliant au PS au premier tour. Ce calcul boutiquier a tué toute possibilité de rapprochement large. Le score "honorable" espéré signifiera qu'en dehors des habiles manipulations politiciennes des outils politiques, le vieux parti n'a plus même de raison d'être : il n'est qu'un organisme efficace de gestion des fins de carrières...
Dans la gauche dite "rénovée", le Parti de Gauche, en changeant de logo, n'a pas changé les méthodes: il s'est fait dominer par le PCF, dans une alliance où il va perdre sa nouvelle image écologiste, mais où il va gagner les élus régionaux dont il manquait. Mais cela va-t-il enthousiasmer les foules...?
La "fédération antilibérale, sociale et écologiste", ou FASE, a encore raté son coup. Elle en a pourtant déployé de l'énergie! Ses dévoués zélateurs en ont usé du temps! Les débats, sans fin, sur les contenus n'auront servi à rien. On ne fait pas de politique "autrement" sur les terrains de jeu où les règles sont non modifiables, depuis des décennies. La politique des partis, comme disait De Gaulle, (avant de créer le sien) triomphe souvent avant même que les citoyens ne votent.
Quant aux écologistes, ils vont profiter, moins qu'ils n'espèrent mais plus qu'auparavant, de toutes des ambigüités (auxquelles vont s'ajouter les leurs!). Sur un scrutin où n'est pas engagé le pouvoir central de l'État, alors que les thématiques écologistes se sont imposées, compte tenu de la volonté de sanctionner un gouvernement qui échoue et déçoit, alors que l'opposition parlementaire elle aussi déçoit, après la progression enregistrée lors des élections européennes de l'année précédente, les Verts et Europe-écologie, unis, vont obtenir un succès relatif mais flatteur.
Sur qui donc pourrait, en effet, se rabattre les électeurs mécontents, inquiets, et à la recherche d'un neuf qui ne vient jamais? Les Verts, plus ouverts que d'autres à des apports externes à leur formation, sont, actuellement, en position favorable et en phase ascendante. Reste que leur soif trop ardente d'une réussite immédiate et leur culte imprudent du compromis vont entamer leur antilibéralisme et donc affaiblir leur écologie. Des tâtonnements politiques vont, certes, permettre l'apparition non de forces structurées mais d'idées-forces nouvelles : les listes qui, ici où là, vont être présentées par l'Association d'objecteurs de croissance (ou ADOC) en font partie. Cela ne pèsera pas sur les résultats, dès mars prochain.
C'est donc la fin des illusions, mais à toute chose malheur est bon. Quand la dernière page d'un livre est tournée, il faut bien ouvrir un nouvel ouvrage... Et, en fait d'ouvrage, il n'en manque pas! Rien ne change mais tout change. Le prix à payer, en terme de souffrances, risque d'être très lourd mais, l'une après l'autre, les références obligées dans le débat politico-économique se brisent ou se dissolvent. Ce n'est pas seulement le cas de la croissance. Devoir "décarboner" l'activité industrielle, agricole et les transports bouleverse la société en ses profondeurs. Nul n'y est près. Nous allons tous avoir, cependant, à y travailler. C'est non seulement un défi historique, c'est un enjeu planétaire comme il ne s'en est jamais encore présenté devant les êtres humains.
Les élections régionales, dans ce contexte, n'ont qu'une importance relative. Mais rien n'étant à négliger (par exemple, en matière de révolution des transports en commun, de compétence régionale!), il faut que les citoyens parlent, crient, hurlent leur volonté. Les élus sont des exécutants. Quand ils sont les décideurs, c'est que le peuple non seulement a délégué ses pouvoirs, mais y a renoncé. Jean-Jacques Rousseau nous en avait averti : quand les représentants du peuple se substituent au peuple, il cesse d'être le souverain. La Terre est à tous. Préoccupons-nous en... En période de grande mutation, c'est particulièrement évident. Nous sommes entrés, sans le vouloir, dans une période "révolutionnaire" dont nous ne savons encore comment nous sortirons. Le laisser-aller et le laisser-faire constituent des fautes politiques majeures! Occupons-nous de nos affaires; occupons-nous de ce qui nous regarde, avec ou sans les partis politiques... Ou bien, ne parlons plus jamais de démocratie...
-"Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne." Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755).
Les partis continuent leurs petits jeux stériles qui bloquent toute expression politique populaire.
À droite, l'UMP a allumé un feu pour réchauffer les ardeurs nationalistes à son profit. Elle a soufflé sur les cendres du Front national. Le parti sarkoziste ne pourra, sur un scrutin proportionnel à deux tours, renouveler le coup de son demi-succès des Européennes...
Les partis-charnières huilent plus facilement leurs gonds quand s'approche le moment où se plie le scrutin, pour l'inévitable second tour. Le MODEM, dominé par sa haine de Sarkozy, regarde, avec gourmandise, une situation où tout se délite, et avec l'espoir qu'on ne puisse faire autrement que de faire appel à lui, pour dévorer le gâteau.
Dans l'ex-gauche, celle qui est méconnaissable pour avoir renoncé à ce qui l'a vu naître (la solidarité effective et non verbale avec les plus démunis et l'anticapitalisme conséquent), on va sauver les meubles. Le PS conservera la direction de nombre de régions, en bénéficiant de la solidarité antigouvernementale de second tour. Il se croira sauvé. Il n'en sera rien.
Dans la gauche dite "anticapitaliste", la chapelle a bouclé ses portes. Sauf exceptions, rares, le NPA fera cavalier seul. Son "antitoutisme" lui coutera cher, mais ça lui est égal. Le NPA ne pèse déjà guère plus lourd que la LCR : fin de partie pour Olivier Besancenot et ses amis. La rigidité a fait son œuvre mortifère.
Dans la gauche qui se dit volontiers "responsable", le PCF a calculé que, 17 fois sur 22, l'alliance avec le PG lui permettrait, au second tour, de sauver autant d'élus qu'en s'alliant au PS au premier tour. Ce calcul boutiquier a tué toute possibilité de rapprochement large. Le score "honorable" espéré signifiera qu'en dehors des habiles manipulations politiciennes des outils politiques, le vieux parti n'a plus même de raison d'être : il n'est qu'un organisme efficace de gestion des fins de carrières...
Dans la gauche dite "rénovée", le Parti de Gauche, en changeant de logo, n'a pas changé les méthodes: il s'est fait dominer par le PCF, dans une alliance où il va perdre sa nouvelle image écologiste, mais où il va gagner les élus régionaux dont il manquait. Mais cela va-t-il enthousiasmer les foules...?
La "fédération antilibérale, sociale et écologiste", ou FASE, a encore raté son coup. Elle en a pourtant déployé de l'énergie! Ses dévoués zélateurs en ont usé du temps! Les débats, sans fin, sur les contenus n'auront servi à rien. On ne fait pas de politique "autrement" sur les terrains de jeu où les règles sont non modifiables, depuis des décennies. La politique des partis, comme disait De Gaulle, (avant de créer le sien) triomphe souvent avant même que les citoyens ne votent.
Quant aux écologistes, ils vont profiter, moins qu'ils n'espèrent mais plus qu'auparavant, de toutes des ambigüités (auxquelles vont s'ajouter les leurs!). Sur un scrutin où n'est pas engagé le pouvoir central de l'État, alors que les thématiques écologistes se sont imposées, compte tenu de la volonté de sanctionner un gouvernement qui échoue et déçoit, alors que l'opposition parlementaire elle aussi déçoit, après la progression enregistrée lors des élections européennes de l'année précédente, les Verts et Europe-écologie, unis, vont obtenir un succès relatif mais flatteur.
Sur qui donc pourrait, en effet, se rabattre les électeurs mécontents, inquiets, et à la recherche d'un neuf qui ne vient jamais? Les Verts, plus ouverts que d'autres à des apports externes à leur formation, sont, actuellement, en position favorable et en phase ascendante. Reste que leur soif trop ardente d'une réussite immédiate et leur culte imprudent du compromis vont entamer leur antilibéralisme et donc affaiblir leur écologie. Des tâtonnements politiques vont, certes, permettre l'apparition non de forces structurées mais d'idées-forces nouvelles : les listes qui, ici où là, vont être présentées par l'Association d'objecteurs de croissance (ou ADOC) en font partie. Cela ne pèsera pas sur les résultats, dès mars prochain.
C'est donc la fin des illusions, mais à toute chose malheur est bon. Quand la dernière page d'un livre est tournée, il faut bien ouvrir un nouvel ouvrage... Et, en fait d'ouvrage, il n'en manque pas! Rien ne change mais tout change. Le prix à payer, en terme de souffrances, risque d'être très lourd mais, l'une après l'autre, les références obligées dans le débat politico-économique se brisent ou se dissolvent. Ce n'est pas seulement le cas de la croissance. Devoir "décarboner" l'activité industrielle, agricole et les transports bouleverse la société en ses profondeurs. Nul n'y est près. Nous allons tous avoir, cependant, à y travailler. C'est non seulement un défi historique, c'est un enjeu planétaire comme il ne s'en est jamais encore présenté devant les êtres humains.
Les élections régionales, dans ce contexte, n'ont qu'une importance relative. Mais rien n'étant à négliger (par exemple, en matière de révolution des transports en commun, de compétence régionale!), il faut que les citoyens parlent, crient, hurlent leur volonté. Les élus sont des exécutants. Quand ils sont les décideurs, c'est que le peuple non seulement a délégué ses pouvoirs, mais y a renoncé. Jean-Jacques Rousseau nous en avait averti : quand les représentants du peuple se substituent au peuple, il cesse d'être le souverain. La Terre est à tous. Préoccupons-nous en... En période de grande mutation, c'est particulièrement évident. Nous sommes entrés, sans le vouloir, dans une période "révolutionnaire" dont nous ne savons encore comment nous sortirons. Le laisser-aller et le laisser-faire constituent des fautes politiques majeures! Occupons-nous de nos affaires; occupons-nous de ce qui nous regarde, avec ou sans les partis politiques... Ou bien, ne parlons plus jamais de démocratie...
-"Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne." Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755).
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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux