Le principe responsabilité n'est pas le principe de responsabilité. Nuance ! Hans Jonas invite l'humanité à se saisir de la responsabilité comme paradigme. L'irresponsabilité tue. La cécité des peuples qui se pensent à part, sur terre, conduit à la violence.
Le Principe responsabilité (en allemand Das Prinzip Verantwortung) est l'ouvrage le plus connu de Hans Jonas (1979).
Dans ce livre, Hans Jonas part de la question « pourquoi l'humanité doit exister ». L'existence de l'humanité dont l'impératif semble aller de soi, n'est plus du tout un fait assuré de nos jours. Au contraire, par son énorme pouvoir qu'il a avant tout grâce à la technique moderne, l'homme a désormais les capacités de s'autodétruire en peu de temps — c'est pourquoi il y a ici une nouvelle question qui doit entrer dans le domaine des considérations éthiques.
Hans Jonas fonde l'impératif que l'homme doit exister, vu qu'il a, comme tout être vivant, une valeur absolue qui lui est inhérente et qu'il s'agit par conséquent de protéger quoi qu'il en coûte.
Dans la pratique, cela signifie que doit être interdite toute technologie qui comporte le risque — aussi improbable qu'il soit — de détruire l'humanité ou la valeur particulière en l'homme qui fait qu'il doit exister. Hans Jonas désigne cet impératif par la formule in dubio pro malo. Cela veut dire que s'il y a plusieurs effets possibles à une technologie, il faut décider comme si le plus mauvais allait s'accomplir : c'est le fameux principe de précaution.
C'est pour cette prescription que Hans Jonas a souvent été accusé d'être hostile à la technique et à son progrès. Il a cependant refusé ce reproche (1).
Selon Bernard Sève (2); le concept de responsabilité s'exprime sous forme d'un impératif catégorique, dont Jonas donne quatre formulations.
• « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre » ;
• « Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la possibilité future d'une telle vie.
• « Ne compromet pas les conditions de la survie indéfinie de l’humanité sur terre ».
• « Inclus dans ton choix actuel l’intégrité future de l’homme comme objet secondaire de ton vouloir ».
Si la menace qui pèse sur l’humanité provient de l’agir humain lui-même, alors l’homme est conduit à ré-interroger sa propre présupposition, c’est-à-dire à placer « le commandement que l’homme doit être » avant la question concernant ce qu’il devrait ou pourrait être.
Pour conclure, très provisoirement, convenons que le principe de précaution n'est pas la suppression du risque -ce qui est non seulement impossible mais imbécile- mais le renoncement à ce qui génère des risques inutiles. Le choix du risque redevient alors politique. Les risques liés à l'exploitation de l'énergie nucléaire font, par exemple, partie ou non (selon moi, oui) de ce que recouvre le principe de précaution.
Mais le principe responsabilité éclaire le débat : l'homme se doit de refuser toute action qui lui nuise irréversiblement dit, en quelque sorte Hans Jonas. Depuis qu'il y a des hommes sur Terre jamais encore ils n'avaient eu la capacité de s'autodétruire. Depuis le XXe siècle, c'est possible et cela change toute la philosophie, toute la politique, toute l'économie. L'écosophie est née : la sagesse, c'est de ne pas compromettre les conditions de la survie indéfinie de l’humanité sur Terre. Telle est la responsabilité ultime des hommes.
1 -Voir. http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Principe_responsabilit%C3%A9
2 - Voir. http://lyc-sevres.ac-versailles.fr/p_jonas_pub.eth.resp.php
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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux