Il y a des soirs où les faits parlent d'eux-mêmes. Même les médias "modérés" constatent l'outrance d'un gouvernement aux abois.
Par Europe1.fr avec David Doukhan et Walid Berrissoul
Publié le 21 Juillet 2010
En annonçant une réunion sur cette communauté, il s’est attiré les foudres d’associations.
Cette annonce a choqué les associations et l'opposition. Mardi, lors du Conseil des ministres, Nicolas Sarkozy a indiqué qu’il convoquerait le 28 juillet une réunion sur "les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms". Le chef de l’Etat réagissait là aux événements de Saint-Aignan (Loir-et-Cher), où la gendarmerie a été attaquée et des voitures brûlées, après la mort d'un jeune de la communauté du voyage, tué dans la nuit de vendredi à samedi par un gendarme après avoir forcé un contrôle.
Les réactions outrées n’ont pas tardé, d’abord parmi les premiers concernés. "La France va mal, votre président va mal. Il cherche à détourner l'opinion publique vers des cibles faciles", a déclaré Saimir Mile, porte-parole de la Voix des Roms. "Nous nous préparons à en prendre plein la gueule comme ça a toujours été le cas pendant les crises politiques mais cette fois-ci, encore un peu plus. La situation est très grave. Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a été condamné pour injures raciales et il est toujours au gouvernement", a-t-il également déploré.
"La France ne veut pas des Roms"
La réunion de mercredi prochain aura également pour objet de décider "des expulsions de tous les campements en situation irrégulière", selon un communiqué de l'Elysée. Pour Coralie Guillot, de l'association Parada France, qui travaille avec les Roms de Seine-Saint-Denis, "ce n'est pas la peine qu'ils se réunissent car c'est déjà décidé: on n'a jamais vu autant d'évacuations en Ile-de-France que depuis deux ou trois mois".
La Ligue des droits de l’Homme est sur la même ligne. "C'est sidérant : on est dans la désignation de boucs émissaires après des faits divers", a estimé Malik Salemkour, chargé de la question au sein de la LDH. "Il ne faut pas faire une réunion pour stigmatiser une ethnie" car "ça donne l'impression que tous les gens du voyage et tous les Roms sont des criminels et des délinquants". Pour lui, la "réponse sécuritaire" proposée par Nicolas Sarkozy est "inadaptée" car "en réalité, la France ne veut pas des Roms".
"On n’est pas dans une idée de recherche de solution mais dans l’idée de stigmatiser un public déjà en difficultés et qui subit des discriminions depuis des siècles", a regretté Dominique Steinberger, représentant des gens du voyage auprès du Conseil de l'Europe. Il a rappelé sur Europe 1 qu'il y avait une grande différence entre les gens du voyage français et les Roms originaires de pays de l'Est : "deux problématiques complètement différentes qui demandent des réponses différentes".
Au PS, le député Jean-Jacques Urvoas dénonce lui aussi la "recherche de boucs émissaires". "Le président de la République devrait être un rassembleur, il n'est pas là pour désigner", a-t-il expliqué à Europe 1.
Déjà en 2002
Ce n'est pas la première fois que Nicolas Sarkozy s'en prend à la communauté des gens du voyage. Le 10 juillet 2002, alors qu’il était ministre de l’Intérieur, il s’était interrogé devant la commission des lois de l’Assemblée nationale : "Comment se fait-il que l’on voit dans certains de ces campements tant de si belles voitures, alors qu’il y a si peu de gens qui travaillent ?". Il avait ensuite promis de régler le problème. Huit ans plus tard, son annonce sonne comme un aveu d’échec.
Expulsion par Gabi Jimenez
Sarkozy et les Roms : "c’est sidérant"
Par Europe1.fr avec David Doukhan et Walid Berrissoul
Publié le 21 Juillet 2010
En annonçant une réunion sur cette communauté, il s’est attiré les foudres d’associations.
Cette annonce a choqué les associations et l'opposition. Mardi, lors du Conseil des ministres, Nicolas Sarkozy a indiqué qu’il convoquerait le 28 juillet une réunion sur "les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms". Le chef de l’Etat réagissait là aux événements de Saint-Aignan (Loir-et-Cher), où la gendarmerie a été attaquée et des voitures brûlées, après la mort d'un jeune de la communauté du voyage, tué dans la nuit de vendredi à samedi par un gendarme après avoir forcé un contrôle.
Les réactions outrées n’ont pas tardé, d’abord parmi les premiers concernés. "La France va mal, votre président va mal. Il cherche à détourner l'opinion publique vers des cibles faciles", a déclaré Saimir Mile, porte-parole de la Voix des Roms. "Nous nous préparons à en prendre plein la gueule comme ça a toujours été le cas pendant les crises politiques mais cette fois-ci, encore un peu plus. La situation est très grave. Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a été condamné pour injures raciales et il est toujours au gouvernement", a-t-il également déploré.
"La France ne veut pas des Roms"
La réunion de mercredi prochain aura également pour objet de décider "des expulsions de tous les campements en situation irrégulière", selon un communiqué de l'Elysée. Pour Coralie Guillot, de l'association Parada France, qui travaille avec les Roms de Seine-Saint-Denis, "ce n'est pas la peine qu'ils se réunissent car c'est déjà décidé: on n'a jamais vu autant d'évacuations en Ile-de-France que depuis deux ou trois mois".
La Ligue des droits de l’Homme est sur la même ligne. "C'est sidérant : on est dans la désignation de boucs émissaires après des faits divers", a estimé Malik Salemkour, chargé de la question au sein de la LDH. "Il ne faut pas faire une réunion pour stigmatiser une ethnie" car "ça donne l'impression que tous les gens du voyage et tous les Roms sont des criminels et des délinquants". Pour lui, la "réponse sécuritaire" proposée par Nicolas Sarkozy est "inadaptée" car "en réalité, la France ne veut pas des Roms".
"On n’est pas dans une idée de recherche de solution mais dans l’idée de stigmatiser un public déjà en difficultés et qui subit des discriminions depuis des siècles", a regretté Dominique Steinberger, représentant des gens du voyage auprès du Conseil de l'Europe. Il a rappelé sur Europe 1 qu'il y avait une grande différence entre les gens du voyage français et les Roms originaires de pays de l'Est : "deux problématiques complètement différentes qui demandent des réponses différentes".
Au PS, le député Jean-Jacques Urvoas dénonce lui aussi la "recherche de boucs émissaires". "Le président de la République devrait être un rassembleur, il n'est pas là pour désigner", a-t-il expliqué à Europe 1.
Déjà en 2002
Avant même que le feu prenne, Luc Chatel avait - en vain - tenté d’éteindre l’incendie. "Il ne cherche pas à stigmatiser une communauté mais il cherche à répondre à une problématique. On a beau être Rom, gens du voyage, parfois même Français au sein de cette communauté, eh bien on doit respecter les lois de la République", a lâché le porte-parole du gouvernement.
Ce n'est pas la première fois que Nicolas Sarkozy s'en prend à la communauté des gens du voyage. Le 10 juillet 2002, alors qu’il était ministre de l’Intérieur, il s’était interrogé devant la commission des lois de l’Assemblée nationale : "Comment se fait-il que l’on voit dans certains de ces campements tant de si belles voitures, alors qu’il y a si peu de gens qui travaillent ?". Il avait ensuite promis de régler le problème. Huit ans plus tard, son annonce sonne comme un aveu d’échec.
Expulsion par Gabi Jimenez
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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux