lundi 23 août 2010

La politique impossible

Ce qui doit être fait ne sera pas fait. Dans le contexte actuel, les changements indispensables ne viendront pas de l'intérieur. Qu'on puisse, fort tranquillement, dans le journal Libération, titrer que, selon un sondage, pour n'avoir plus Sarkozy, les Français voteraient volontiers Strauss-Kahn, laisse pantois ! La politique politicienne nous éloigne de la politique nécessaire.

Ce que l'on présente comme nécessaire est, du reste, ce qu'il faudrait écarter, à commencer par la réforme des retraites. En réalité, la doxa l'emporte, le formatage médiatique fonctionne et, même hors des sphères gouvernementales, toute politique sociale est présentée comme impossible, car trop coûteuse. Or, ce qui sera fort couteux, sous peu, c'est le renoncement, de fait, à une politique sociale.


Viens, tôt où tard le temps où le gros ne peut plus manger les petits

Les Français le pressentent : s'ils souhaitent, en 2012, la victoire de la gauche, ils doutent qu'elle puisse faire mieux que la droite. Comprendre : il n'est plus de gauche puisqu'il n'est pas de politique de gauche qui soit, actuellement, possible.

Et pourquoi, diantre ? Parce qu'il est inscrit au fer rouge, dans notre chair, qu'il n'est pas de juste répartition des richesses possible sans augmentation de ces richesses. Leur partage, en l'état de l'économie occidentale, semble irréalisable. Nous sommes convaincus, sans oser le dire, que toute politique passe sous les fourches Caudines des possédants et aucune force politique n'est en mesure de modifier cette situation historique permanente. Aucune politique de gauche n'a encore été pérenne.

Dans un rapport capital/travail où les syndicats ont pour rôle de tempérer la domination des entreprises, rien ne peut changer, en effet. Dans un rapport riches/pauvres où quelques fortunes privées peuvent égaler celles de nombre d'États, rien ne peut changer, en effet. Rendre possible la politique impossible est une utopie de belle taille mais, sans doute, un pari d'autant plus utile à tenter qu'il est impossible que les politiques "possibles" réussissent.

L'échec des politiques, toutes inspirées par l'occident, est patent. Ceux-là mêmes qui ont les yeux rivés sur la croissance et le CAC 40, sont amenés à présenter l'austérité comme indispensable. L'austérité pour la masse des gens modestes, bien sûr ! On connait la rengaine. La préservation des profits supposerait toujours plus de compression de "la masse salariale", donc de chômage, donc de perte du pouvoir d'achat, donc de consommation, mais donc, aussi, de... production. Avec ses propres idées, le libéralisme annonce sa propre fin. Le capitalisme n'offre, comme possibilité de politiques économiques, que des politiques impossibles.

Politique impossible contre politiques impossibles : les États tournent en rond et ceux qui les dirigent, ou bien ne savent où ils vont, ou bien ne vont que là où se trouvent les chances d'une perpétuation (qu'ils savent pourtant temporaire) de leur pouvoir. C'est court ! Obama ne peut rien, en dépit de ses immenses pouvoirs présidentiels, face à des exigences économiques qui ne sauraient être remises en cause et qui laminent l'économie américaine autant que celle du reste du monde. Le monde... Quel monde ? L'antienne altermondialiste ("Un autre monde est possible"), bute sur la montagne d'obstacles que les maîtres de ce monde élève devant quiconque s'essaierait à mettre un tel slogan en actes.


La Terre n'est pas un citron qu'on presse

Pourtant, la politique impossible, celle où les hommes vivraient, tous, simplement pour que, simplement, tous les hommes vivent, pourrait bien devenir la seule possible. La volonté politique n'en serait pas à l'origine, mais pourrait finir par l'accompagner. Car, à cela, il y a une cause majeure et suffisante : nous détruisons plus que nous ne produisons, ne récoltons et ne consommons ! Ou bien nous supprimerons une partie de l'humanité (ce qui conduit au génocide par une euthanasie géante et monstrueuse) ou bien nous devrons entrer dans cette politique du partage jamais vraiment essayée. La 'journée du dépassement" (le 20 août, en 2010) nous sert de mesure : nous vivons dans une économie de l'impossible. Il est plus que temps d'oser la politique impossible qui ne se limite pas à la décroissance et qui donne droit à chaque vivant de vivre.

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À quoi bon, sinon, d'être...





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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux

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