La rigueur a deux faces. la modestie n'en a qu'une.
La rigueur est dure, âpre et rigide. Elle est aussi l'exigence, la conscience de la difficulté et l'honnêteté de la pensée face à l'épreuve.
La modestie est humble et simple. Elle permet d'aborder la rigueur sans effroi.
La rigueur est donc franchement haïssable quand elle est imposée, tandis que la modestie est aimable si elle est voulue.
La situation économique actuelle exige une rigueur, mais laquelle ? Pour avoir dilapidé nos richesses et exploité sans vergogne celles des autres, nous voici, en occident, contraints de limiter notre expansion, voire de rogner sur le gâteau que nous nous étions servi. L'écologie autant que le bon sens nous ont ouvert les yeux : les pays dits riches vivent au-dessus de leurs moyens. Il faut faire des économies, donc des sacrifices. La rigueur s'impose, soit, mais à qui ?
Ce qui saute aux yeux, actuellement, c'est que la seule rigueur qui soit imposée (sans pourtant oser employer ce mot, en France) est celle qui atteint le plus grand nombre, mais pas les profiteurs, ni ceux qui ont conduit l'économie occidentale dans l'impasse où elle se trouve ! La même loi comptable est, chaque fois, appliquée : beaucoup de petites sommes prélevées permettent d'engranger davantage que peu de grosses sommes retenues. Autrement dit, faire payer les pauvres est plus rentable que de faire payer les riches. La démonstration est peut-être imparable mais les conséquences d'un tel choix sont ravageuses dans l'esprit des citoyens. Cela signifie, en effet, que le partage est interdit, que l'écart entre les revenus n'est pas près de se réduire et qu'une minorité nantie s'efforce de faire durer son plaisir, sans considération pour l'avenir. Le piège est mortel.
Je suis pour une autre rigueur. Regarder la réalité en face ne rend pas malheureux même si le constat est sévère ! La rigueur choisie (en fonction de la satisfaction des besoins essentiels), la rigueur partagée (en proportionnant les efforts aux possibilités de chacun), la rigueur morale (qui interdit de se goinfrer quand les plus démunis souffrent), ces rigueurs là sont acceptables à condition que tout marché de dupe soit écarté, autrement dit à condition qu'une ultime rigueur s'avance : celle du contrôle strict et vraiment transparent, par l'ensemble des citoyens, de la politique économique, devenue nécessaire, en cessant de donner aux médias la mission d'enfumer les esprits. "Vaste programme" eut dit De Gaulle...
La rigueur qu'impose, jour après jour, l'actuel gouvernement est condamnable parce qu'elle interdit la modestie, c'est à dire la vie simple. Elle appauvrit au lieu, j'ose l'écrire, d'enrichir (car il est d'autres richesses que monétaires) ! Elle choisit ses victimes. Elle est l'outil de la conservation des privilèges. En outre, elle donne le désir du retour au passé, ce qui ne se peut pas et, surtout, qui aggraverait le mal.
La rigueur dont je ne sais dire si elle serait "de gauche" (la gauche, c'était au temps de la recherche de la justice, de la solidarité, de légalité et du partage dans un monde dont on croyait les richesses croissantes, voire infinies) ne peut qu'être une rigueur de sobriété, de modération et de mesure, qui s'étende progressivement, avec une révolution culturelle et comportementale à laquelle rien ne nous a préparés. Le mieux reste attaché au plus et l'on ne sort pas d'une société de consommation en quelques années !
Les prochains débats électoraux vont porter sur ces analyses de la rigueur économique sous ses deux aspects : l'austérité contrainte et la simplicité volontaire.
À droite, on se gaussera de la gauche qui ne sait choisir entre la décroissance et le productivisme et l'on se fera les chantres de l'obligation de serrer les boulons pour préserver la croissance des richesses sans laquelle, répétera-t-on, il n'y a pas d'emploi durable. (Aucun discours politique au goût du jour ne peut être tenu sans faire usage du qualificatif "durable" !).
À gauche, ou plutôt au PS, on va, jusqu'à l'approche du scrutin présidentiel, balancer entre les deux choix indispensables "pour gagner" : satisfaire la demande populaire au risque de ruiner la France ou pratiquer une rigueur budgétaire acceptable par les marchés. Dilemme ! Au moment où, l'un après l'autre, les États de l'Europe se rembrunissent, la tentation de ne pas gâcher la chance de prendre le pouvoir, en faisant jouer la simple alternance, risque d'édulcorer la candidature d'un ou d'une socialiste. Avec subtilité et cynisme, Nicolas Sarkozy joue cette carte du "brunissement" des sociétés pour tenter de sauver son catastrophique quinquennat.
L'enjeu est pourtant ailleurs, et rien ne bougera sauf à voir ressurgir des manifestations nouvelles de ce qui n'est pas une crise, (puisqu'elle dure) mais qui est une mutation historique! L'effondrement de l'occident et la fin de son hégémonie, face à la Chine, l'Inde et le Brésil, se paieront, tôt ou tard. La rigueur capitaliste ne règlera rien puisqu'elle ne vise qu'à retarder l'échéance en contractant les services que l'État providence avait, au milieu du XXème siècle, installés, pensions-nous, de façon stable et définitive. La seule rigueur efficace envisageable devrait être liée, d'une part, à une décrue des consommations et des productions non utiles et gaspilleuses et, d'autre part, à une chasse aux injustices criantes qui découragent l'effort de tous en faisant de la richesse un spectacle dont seule une petite minorité peut être l'actrice !
La modestie sera notre sort ou bien il nous faudra constater la plongée de beaucoup de nos concitoyens dans la misère. Tel est le choix. Il ne fera pas l'objet du débat présidentiel de la part de ceux qui se donnent une chance d'être élus. La politique, la vraie, passera pourtant par là, par-delà les élections car les scrutins nationaux souffrent, à présent de deux insuffisances insurmontables : celle du temps (la durée des mandats ne permet pas des engagements à long terme) et celle de l'espace ( les problèmes majeurs -écologiques, sociaux et financiers- n'ont pas de solutions au niveau de notre seul hexagone).
Porter le regard aussi loin qu'on en est capable et penser au minimum en européen me semblent, en 2010, le moins qu'un citoyen puisse faire s'il veut que la rigueur ne s'abatte pas sur lui mais qu'il la domine en orientant sa vie vers la simplicité volontaire.
La rigueur est dure, âpre et rigide. Elle est aussi l'exigence, la conscience de la difficulté et l'honnêteté de la pensée face à l'épreuve.
La modestie est humble et simple. Elle permet d'aborder la rigueur sans effroi.
La rigueur est donc franchement haïssable quand elle est imposée, tandis que la modestie est aimable si elle est voulue.
La situation économique actuelle exige une rigueur, mais laquelle ? Pour avoir dilapidé nos richesses et exploité sans vergogne celles des autres, nous voici, en occident, contraints de limiter notre expansion, voire de rogner sur le gâteau que nous nous étions servi. L'écologie autant que le bon sens nous ont ouvert les yeux : les pays dits riches vivent au-dessus de leurs moyens. Il faut faire des économies, donc des sacrifices. La rigueur s'impose, soit, mais à qui ?
Ce qui saute aux yeux, actuellement, c'est que la seule rigueur qui soit imposée (sans pourtant oser employer ce mot, en France) est celle qui atteint le plus grand nombre, mais pas les profiteurs, ni ceux qui ont conduit l'économie occidentale dans l'impasse où elle se trouve ! La même loi comptable est, chaque fois, appliquée : beaucoup de petites sommes prélevées permettent d'engranger davantage que peu de grosses sommes retenues. Autrement dit, faire payer les pauvres est plus rentable que de faire payer les riches. La démonstration est peut-être imparable mais les conséquences d'un tel choix sont ravageuses dans l'esprit des citoyens. Cela signifie, en effet, que le partage est interdit, que l'écart entre les revenus n'est pas près de se réduire et qu'une minorité nantie s'efforce de faire durer son plaisir, sans considération pour l'avenir. Le piège est mortel.
Je suis pour une autre rigueur. Regarder la réalité en face ne rend pas malheureux même si le constat est sévère ! La rigueur choisie (en fonction de la satisfaction des besoins essentiels), la rigueur partagée (en proportionnant les efforts aux possibilités de chacun), la rigueur morale (qui interdit de se goinfrer quand les plus démunis souffrent), ces rigueurs là sont acceptables à condition que tout marché de dupe soit écarté, autrement dit à condition qu'une ultime rigueur s'avance : celle du contrôle strict et vraiment transparent, par l'ensemble des citoyens, de la politique économique, devenue nécessaire, en cessant de donner aux médias la mission d'enfumer les esprits. "Vaste programme" eut dit De Gaulle...
La rigueur qu'impose, jour après jour, l'actuel gouvernement est condamnable parce qu'elle interdit la modestie, c'est à dire la vie simple. Elle appauvrit au lieu, j'ose l'écrire, d'enrichir (car il est d'autres richesses que monétaires) ! Elle choisit ses victimes. Elle est l'outil de la conservation des privilèges. En outre, elle donne le désir du retour au passé, ce qui ne se peut pas et, surtout, qui aggraverait le mal.
La rigueur dont je ne sais dire si elle serait "de gauche" (la gauche, c'était au temps de la recherche de la justice, de la solidarité, de légalité et du partage dans un monde dont on croyait les richesses croissantes, voire infinies) ne peut qu'être une rigueur de sobriété, de modération et de mesure, qui s'étende progressivement, avec une révolution culturelle et comportementale à laquelle rien ne nous a préparés. Le mieux reste attaché au plus et l'on ne sort pas d'une société de consommation en quelques années !
Les prochains débats électoraux vont porter sur ces analyses de la rigueur économique sous ses deux aspects : l'austérité contrainte et la simplicité volontaire.
À droite, on se gaussera de la gauche qui ne sait choisir entre la décroissance et le productivisme et l'on se fera les chantres de l'obligation de serrer les boulons pour préserver la croissance des richesses sans laquelle, répétera-t-on, il n'y a pas d'emploi durable. (Aucun discours politique au goût du jour ne peut être tenu sans faire usage du qualificatif "durable" !).
À gauche, ou plutôt au PS, on va, jusqu'à l'approche du scrutin présidentiel, balancer entre les deux choix indispensables "pour gagner" : satisfaire la demande populaire au risque de ruiner la France ou pratiquer une rigueur budgétaire acceptable par les marchés. Dilemme ! Au moment où, l'un après l'autre, les États de l'Europe se rembrunissent, la tentation de ne pas gâcher la chance de prendre le pouvoir, en faisant jouer la simple alternance, risque d'édulcorer la candidature d'un ou d'une socialiste. Avec subtilité et cynisme, Nicolas Sarkozy joue cette carte du "brunissement" des sociétés pour tenter de sauver son catastrophique quinquennat.
L'enjeu est pourtant ailleurs, et rien ne bougera sauf à voir ressurgir des manifestations nouvelles de ce qui n'est pas une crise, (puisqu'elle dure) mais qui est une mutation historique! L'effondrement de l'occident et la fin de son hégémonie, face à la Chine, l'Inde et le Brésil, se paieront, tôt ou tard. La rigueur capitaliste ne règlera rien puisqu'elle ne vise qu'à retarder l'échéance en contractant les services que l'État providence avait, au milieu du XXème siècle, installés, pensions-nous, de façon stable et définitive. La seule rigueur efficace envisageable devrait être liée, d'une part, à une décrue des consommations et des productions non utiles et gaspilleuses et, d'autre part, à une chasse aux injustices criantes qui découragent l'effort de tous en faisant de la richesse un spectacle dont seule une petite minorité peut être l'actrice !
La modestie sera notre sort ou bien il nous faudra constater la plongée de beaucoup de nos concitoyens dans la misère. Tel est le choix. Il ne fera pas l'objet du débat présidentiel de la part de ceux qui se donnent une chance d'être élus. La politique, la vraie, passera pourtant par là, par-delà les élections car les scrutins nationaux souffrent, à présent de deux insuffisances insurmontables : celle du temps (la durée des mandats ne permet pas des engagements à long terme) et celle de l'espace ( les problèmes majeurs -écologiques, sociaux et financiers- n'ont pas de solutions au niveau de notre seul hexagone).
Porter le regard aussi loin qu'on en est capable et penser au minimum en européen me semblent, en 2010, le moins qu'un citoyen puisse faire s'il veut que la rigueur ne s'abatte pas sur lui mais qu'il la domine en orientant sa vie vers la simplicité volontaire.
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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux