vendredi 22 avril 2011

La faute politique majeure

Du sommet de l'État (mais l'État a-il un sommet... ?) jusqu'à la plus modeste des communes (mais toute commune n'est-elle pas grande par sa fonction de collectivité...?) les responsables politiques sont hantés par la crainte de déplaire. Il s'ensuit qu'il commettent, sans cesse, la double erreur dont leur gestion reste très souvent marquée : tout savoir et tout embellir.



Impossible pour un président ou un maire de dire : "là, je ne sais pas" ou "sur ce point, nous avons échoué". Les électeurs-citoyens ne sont pas dupes mais ils sont aussi complices ! Ils flattent leurs élus en leur laissant accroire qu'ils leur reconnaissent ce pouvoir total qui n'existe pas !

Laisser entendre qu'on domine constamment les situations et défendre son bilan sans jamais en reconnaître les faiblesses contient un ferment destructeur du lien social et de la citoyenneté elle-même. La démocratie n'est pas l'exercice du pouvoir des professeurs et des avocats en politique ! On travaille, comme élu, une pâte humaine (dont on fait soi-même partie) qui ne peut éviter l'erreur, et la pire des erreurs et de donner à penser qu'on y échappe constamment. On présente et l'on représente, comme élu, une population à laquelle dire qu'on fait mieux que le mieux possible est un mensonge qui, même toléré, reste un mensonge.

Bref, la politique souffre trop souvent du manque d'humilité, pire, de cette conviction que l'humilité est faiblesse. Il y a deux responsables (extérieurs à la personnalité des élus trop sûrs d'eux et de leurs actions) : l'organisation des pouvoirs publics et le laisser-faire des administrés.



Un président, un maire règnent sur un domaine, un fief, avec des collaborateurs mais sans partage du pouvoir (c'est un chef, la tête d'un exécutif et la tête commande toujours aux bras...). Il exerce un pouvoir monarchique.

Les administrés, les électeurs, les citoyens, préoccupés par leurs affaires familiales et professionnelles, laissent volontiers retomber sur les épaules de ceux qu'ils ont élus pour ça, la responsabilité de l'animation de la vie de la cité. À peine quelques uns d'entre eux s'engagent-ils dans des organisations qui, face aux pouvoirs, restent à leur place, et de partage du pouvoir mais aussi de partage des charges de travail, il n'est jamais question : ce n'est l'intérêt ni de ceux qui confisque ces pouvoirs, ni de ceux qui veulent s'en débarrasser.

La démocratie véritable est incompatible avec cette centralisation et cet abandon concomitant des responsabilités politiques. Nos institutions sont à réformer profondément sur ce point en brisant la "présidentialisation" des pouvoirs : État, région, département, agglomération, commune, mais aussi : syndicat, association, mutuelle... Nous n'avons jamais quitté, en France, la monarchie : plus, même, nous y sommes revenus et un Président de la République est plus puissant qu'un Roi bourbon. Dans le même temps, apprendre à jouer un autre rôle de citoyen que celui de contrôler, ponctuellement, par son vote, ou de critiquer, continuellement, dans sa vie quotidienne, est une mission qui devrait s'enseigner, du lycée à l'université (au plus tard, mais, sans doute, avec mesure, dès l'entrée dans la communauté des élèves).

En bref, la faute politique majeure, agaçante, irréaliste, inefficace, qui conduit à l'autosatisfaction obligée, a deux origines : l'élu et l'électeur. Elle se peut corriger par un retour à cette éducation populaire que la Vème république a progressivement détruite, mais qu'il faudrait, bien sûr, re-susciter non par, mais avec, les outils de communication de notre temps.


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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux

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