jeudi 7 juillet 2011

De la crédibilité à l'incrédibilité et inversement



Nafissatou Diallo ("la femme de chambre" qui a accusé DSK de viol) n'est pas crédible (c'est une "menteuse"). Tristane Banon n'est pas crédible (il y a longtemps qu'elle aurait dû déposer plainte !). Qui est crédible en cette affaire à rebondissements (car c'en est une, démesurée...) ?

L'information en boucle, lassante, épuisante, irritante, à laquelle auditeurs et téléspectateurs ne peuvent échapper recouvre d'autres informations plus graves encore et plus urgentes sur lesquelles l'attention ne peut pas se porter. On en dit trop et pas assez ! Les journalistes sont-ils crédibles ?

Le procureur Cyrus Vance qui a accablé DSK et qui se trouve "discrédité" depuis qu'on sait que Nafissatou Diallo n'est pas sans reproches reste-t-il crédible ? Il n'en reste pas moins en charge du dossier?

L'avocat de la plaignante qui s'est répandu sur sur les ondes pour effectuer une description crapoteuse du crime présumé afin de salir DSK de toute façon est-il crédible ?

Les soutiens politiques de DSK qui assurent sa défense, sans rien connaître d'un événement qui est une relation sexuelle consentie, payée ou extorquée sont-ils crédibles ?

Toutes les personnes qui ont constaté, depuis des années, l'irrépressible attirance de DSK pour toute jolie femme à sa portée, et qui ont banalisé ce comportement prédateur, sont-ils encore crédibles ?

Les fonctionnaires du FMI qui ont constaté, la liaison choquante de leur patron avec l'économiste hongroise Piroska Nagy (dont il a fallu que DSK s'excuse) et qui n'ont rien pu ou voulu dire, sont-ils crédibles s'ils viennent à commenter, à présent les frasques actuelles de leur ex-directeur ?

Sommes-nous, nous-mêmes crédibles si nous avons livré nos commentaires sur une information qui se sera révélée obscure de bout en bout et qui le demeure ? Allons-nous continuer à tirer des enseignements d'une vilaine aventure dont la justice ne se sortira pas car les faits n'ont pas connu de témoins directs ?

Crédibilité vient de croire. Qui peut être cru, à présent ? On sait la fragilité de "l'intime conviction". Faut-il un procès, un jugement, pour que la vérité soit révélée ? Est-ce utile ? Un tel jugement, s'il a lieu, sera-t-il lui même crédible ? L'erreur judiciaire est fort possible en de telles circonstances.

Un présumé coupable est un présumé innocent. Est-on "blanchi" quand on passe du crime à l'agression sexuelle, puis de l'agression sexuelle à l'aventure sexuelle, avec une prostituée ou simplement une femme facile ? Tout comportement privé qui ne le reste pas rend possible des appréciations multiples. Même libre, même "lavé" de ses accusations, DSK redeviendra-t-il crédible ?

La crédibilité n'est pas un objet qu'on perd et qu'on retrouve. C'est ce dont on affecte un personnage public de façon très peu rationnelle.

Le plus fâcheux, en l'occurrence, est que la société tout entière, de part et d'autre de l'Atlantique, s'est ridiculisée. La crédibilité de nos discours sur la civilisation s'est déconsidérée.

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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux

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