jeudi 24 mars 2016

Du terrorisme et des terroristes


« Une organisation terroriste est une organisation dont l'objectif ou le moyen d'action principal, revendiqué et assumé comme tel, est le meurtre de civils innocents. »1

« Un État est une communauté humaine qui revendique
le monopole de l’usage légitime de la force physique sur un territoire donné. »2

On ne naît pas terroriste.
On n’est pas terroriste par essence !
On le devient.

Le terrorisme ne se résume pas à l’usage de la violence.
Il se présente comme un droit à tuer. Y compris des civils.
Avec des motivations très diverses, politiques, religieuses ou racistes.

Le terrorisme implique des individus, mais pas seulement.
Les États terroristes existent depuis toujours.
Et le meurtre ou la torture de masse sont pires que les assassinats individuels.

Tout pouvoir assis sur la force est en peu ou prou terroriste.
Chaque État qui dispose du « monopole de la violence légitime » devient terroriste.
De nos jours, la puissance et la sophistication des armes engendrent et augmentent le terrorisme.

On est toujours le terroriste de quelqu’un.
De Gaulle fut déclaré terroriste et déchu de sa nationalité
Yasser Arafat, aux yeux des Israéliens, fut un terroriste.

Ben Gourion fut considéré comme terroriste par la Grande-Bretagne.
Le terrorisme juif a précédé et suivi l’annexion de la Palestine par Israël.
Et depuis 1948, terrorisme et contre-terrorisme n'ont pas cessé de s'opposer.

De même, Nelson Mandela fut-il condamné comme terroriste.
L’ancien président sud-africain, resta même, jusqu’en 2008,
présent sur la liste noire américaine du terrorisme.

Tout combattant qui se dresse contre un État est réputé terroriste.
Les résistants luttant les armes à la main contre les nazis, de 1940 à 1945,
Furent qualifiés de terroristes, jugés et exécutés comme tels.

Les États totalitaires n’ont pas été tous immédiatement qualifiés de terroristes.
Le 3e Reich allemand, l’URSS stalinienne, La Chine de Mao Tse Tung, entre autres,
finirent pourtant par l'être car le meurtre de masse leur fut un outil politique !

Tous les génocides survenus au XXe siècle furent, par nature, terroristes.
La Shoah, l’extermination des Juifs et Tsiganes, ne fut pas le seul génocide nié ou oublié.
Partout, on a voulu, organisé et perpétré l’éradication totale de peuples entiers.

En Turquie, au Cambodge, au Rwanda, au Timor-Oriental, en Australie, au Congo,
à Madagascar, en Ukraine, en Chine, en Australie, aux États-Unis dès le XIXe siècle...,
Les armées officielles ont beaucoup plus assassiné « légalement » que les bandes de brigands !

Les massacres indonésiens, le génocide arménien de 1915, l’élimination des Aborigènes d’Australie, 
le colonialisme belge ultra violent au Congo, les Malgaches tués en en 1947,
et bien d’autres crimes d’État furent tous décidés pour soumettre des populations par la terreur.

Ce rappel historique ne minimise en rien les horribles attentats commis en France et en Belgique 5201.
Sans effectuer de comptabilités morbides, il faut admettre, cependant,
que les guerres proche-orientales ont, depuis 2002 bien davantage tué que tous les terrorismes.

Pour éliminer le terrorisme, il faut en supprimer les causes.
Le salafisme, cette religion dévoyée, n’est pas seul responsable.
Les États d’occident, prédateurs et dominateurs, ont, par leurs excès, motivé aussi les assassins.

Car nous nous interrogeons trop peu sur les raisons qui ont conduit
des Français ou ds Belges, jeunes, à sombrer dans le fanatisme et le crime.
Reconnaissons que nous n’avons pas encore « purgé » notre passé colonial aux effets restés dévastateurs !

Vaine querelle, ainsi, à propos de la commémoration de la fin de la guerre d’Algérie :
La date du 19 mars rappelle la fin de l’empire colonial français.
Cela suffit à faire ressurgir les rancœurs et les haines chez certains de nos compatriotes.

Ceux qui voulaient l’Algérie française n’ont jamais admis que la France
soit devenue en partie algérienne ou marocaine ou tunisienne…, voire malienne !
Et moins encore musulmane.

Là se trouve, pourtant la clef explicative des erreurs et des folies
de ceux qui, à l’abandon, souvent sans avenir professionnel,
ont cherché en vain un sens à un engagement en Syrie, quitte à se « radicaliser » comme on dit…

Qu’avons-nous fait, pour accueillir, non pour intégrer (cela ne se fait qu’avec le temps),
les enfants et les petits enfants de ceux que nous sommes allés chercher et avons employés, hier ?
Le racisme et le mépris ont laissé trop de traces dans nos mœurs et créé des ghettos.

Le terrorisme n’est pas seulement la conséquence d’un fanatisme.
Ce n’est pas non plus seulement la rage de ceux qui se constatent sans avenir.
C’est aussi l’une des manifestations épouvantables de conflits internationaux sans solution.

Surveillance, renseignement, police et armée ne suffiront jamais à installer la paix.
Il faut donner leur citoyenneté à ceux qui n’en ont pas, plus, ou pas assez.
Bref, il s’agit de rendre aux Français non encore acceptés comme tels, toute leur place.

La France n’y est pas prête.
Elle est atteinte du virus nationaliste et identitariste.
Pourtant, lutter contre le terrorisme commence en France.

Pas en Syrie, en Lybie, au Mali, en Centrafrique, ou ailleurs.
On n’écrasera pas le terrorisme sous des bombes elles-mêmes terroristes.
Finissons en avec la Françafrique politique et économique qui nous fait tant haïr.

1 Selon Nicolas Tavaglione, philosophe, professeur de science politique à l’Université de Genève.
2 Max Weber, Le savant et le politique, 1919, rédité en 2002 chez 10/18

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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux

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