lundi 9 juillet 2007

De la droitisation de la gauche radicale

On a longtemps appelé gauche extrême des organisations politiques qui étaient idéologiquement rigides et enfermées dans la tour de leurs certitudes. Toutes les formations léninistes sont tombées dans cette erreur funeste : la démocratie populaire, c'est la dictature des élites qui se sont mises entièrement au service du peuple. Il s'agissait déjà d'une droitisation. Ce qui est droit, c'est ce qui n'est pas courbe et la meilleure façon de ne pas se courber, de ne pas se plier, c'est d'être rigide. Celui qui ne se courbe pas trahit moins.

On connaît les conséquences de ces comportements austères, intransigeants, fidèles à la doctrine, autoritaires, sans concessions, irréprochables, incorruptibles. De l'Inquisition à la Terreur, de l'échafaux au goulag, l'histoire n'a cessé de nous révéler la monstruosité des accapareurs de vérité. Des crimes ont marqué à jamais cette fausse gauche qui pratiquait le contraire de ce qu'elle énonçait.

L'amollissement de la pensée à gauche ne l'a pas assouplie. Non seulement l'abandon des convictions socialistes lui permet de continuer à pratiquer le contraire de ce qu'elle énonçait, mais il lui permet de continuer à se vautrer dans des modes de gouvernance antidémocratiques. Quant à la gauche trotskyste qui n'a cessé de vilipendé le stalinisme et la social-démocratie, elle s'est donné à choisir entre le renoncement à la prise de tout pouvoir et la gestion pépère du petit capital de sympathie que lui confère son intransigeance apparente.

Je soutiens que toutes les gauches se sont droitisées, soit qu'elles se soient durcies jusqu'à se contredire, soit qu'elles se soient converties en tout ou partie à l'idéologie qu'elles avaient, depuis leur origine, combattue.

S'agissant uniquement de la gauche dite radicale, il n'est pas sans intérêt de relever qu'elle souffre des mêmes maux que la gauche qu'elle voue aux gémonies. Elle s'affadit et se crispe tout à la fois. Elle sait ce qu'elle ne veut pas. Elle ne sait plus ce qu'elle veut.

Ce constat est alarmant parce que nul, parmi les anticapitalistes, ne sort indemne de cette défaite idéologique dont la dernière élection présidentielle en France a permis de constater l'ampleur. Au nombre des chantiers de rénovation des outils de l'action politique et de redéfinition des contenus politiques eux-mêmes, il y a, à coup sûr, la mise en évidence de tout ce qu'a produit comme dégâts, dans la pensée, cette droitisation généralisée du champ politique.

J'en avais confusément conscience. Je mesure mieux la difficulté et la dimension de cet aggiornamento à entreprendre, sans délais...

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Le 3 octobre 2013.
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Jean-Pierre Dacheux

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