Depuis la tombe d'Albert Camus, en Provence, on peut, mieux qu'on le pourrait, au Panthéon, voir quelle était sa considération du monde. Le 8 mai 1945 (avant même l'explosion de Nagasaki, le lendemain!), le futur Prix Nobel de Littérature disait, dans un éditorial fameux -texte complet accessible ci-dessous-, l'inhumanité des humains. Le dernier des survivants japonais vient de mourir. Son nom devrait rester, en lettres de feu, dans les consciences des vivants de ce siècle nouveau. Mais l'on se soucie, hélas, de bien autre chose. Pourtant, quoi qu'on en pense, les risques nucléaires restent devant nous.
"Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d'information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes que n'importe quelle ville d'importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football"...
Albert Camus. Combat, le 8 mai 1945.
http://www.matisse.lettres.free.fr/artdeblamer/tcombat.htm
Le Japonais qui avait survécu aux deux bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki, en 1945, est décédé, lundi 4 janvier 2010, à Nagasaki, d'un cancer de l'estomac, à l’âge de 93 ans. Tsutomu Yamaguchi était, officiellement, la seule victime reconnue des deux bombes nucléaires américaines. Blessé à Hiroshima, il s'était rendu, deux jours plus tard, à Nagasaki, où explosa la seconde bombe atomique !
A Hiroshima comme à Nagasaki, Tsutomu Yamaguchi se trouvait à trois kilomètres de l’épicentre. Il travaillait comme ingénieur dans les chantiers navals de Mitsubishi.
Immédiatement après la guerre, il avait travaillé comme interprète pour les troupes américaines à Nagasaki, avant de devenir enseignant dans un lycée.
Le mois dernier, dans un hôpital de Nagasaki, Tsutomu Yamaguchi se sentait mourir, mais sa mémoire était intacte, comme au premier jour. Pendant plus d’un demi-siècle, il s'était muré dans le silence. Il n’en est sorti qu’à la mort de son fils, décédé d’un cancer des poumons, dû aux radiations, à l’âge de 59 ans. La mort de son fils l’avait trop révolté.
Ces dernières années, Yamaguchi évoquait volontiers son expérience, faisant part de son espoir que les armes nucléaires soient définitivement interdites. Il s'était notamment exprimé devant les Nations Unies, en 2006.
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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux