Il n'est pas encore 16 heures. Je ne dispose pas d'informations me permettant de prévoir ce qui sortira des urnes à 20 heures, ce soir.
Il faut inverser l'image. Désigner le chef ? On s'assoit dessus...
Je m'interroge sur les inconnues de ce second tour des élections régionales ! Et si...
Si les abstentions pesaient plus lourd encore qu'au premier tour ? Si la défaite de l'UMP se transformait en déconfiture ? Si le vote « Front National », dans les 12 régions où il reste candidat, grossissait encore ! Si les votes blancs et nuls prenaient quelque nouvelle ampleur...
Oui, si ces quatre données circonscrivant le vote prenaient du poids, des questions d'ordre constitutionnel seraient posées et elles seraient accompagnées de vives controverses.
L'abstention politique s'accroissant ou même restant à un très haut niveau, comment, puisque le vote, en France, a déjà pu recueillir autour de 80% de participation (ce fut le cas lors des Présidentielles de 2007), ne pas reconnaître qu'il y a un violent hiatus entre la demande et l'offre politiques ? Cette sempiternelle question prend, cette fois, dans le contexte de ce début de siècle, et notamment depuis le coup d 'éclat de 2002 et l'élimination de la gauche au premier tour des Présidentielles, des proportions considérables.
La défaite annoncée de l'actuelle majorité présidentielle, la plus lourde depuis les débuts de la Ve République, a pour causes, outre l'effet de l'abstention qui la frappe plus durement que l'opposition, le discrédit de la personne de Nicolas Sarkozy, le désaveu de la politique promise en 2007 (et qui n'a conduit qu'à moins de travail et moins de gains, à plus de le chômage et davantage d'appauvrissement), enfin la mise en évidence que, si crise il y a, elle pèse principalement sur les salariés et fort peu sur les grandes entreprises lesquelles, au contraire, accumulent les profits !
Le retour du nationalisme, si relatif soit-il, est une très mauvaise et dangereuse nouvelle ! Cela signifie que les désespérés et les milieux populaires les plus exposés à l'effondrement industriel et agricole du pays se tournent vers le parti protestataire par excellence, celui qui a fait du « tous pourris » et de la dénonciation du bouc émissaire immigré les fondements de son explication de la situation où nous nous trouvons ! Pourtant, le racisme et les vitupérations de la droite extrême n'expliquent pas tout ! Il y a de l'impuissance et du désespoir sous ce vote très minoritaire mais non marginal, pesant encore presque autant que le vote écologiste !
Le rejet du système électoral dans le vote blanc, enfin, si limité soit-il, ne peut être passé sous silence, parce qu'il est le fait de citoyens très conscients des failles de nos modes de scrutin. Que ceux qui refusent l'offre de vote ne puissent qu'être « absents » de ce vote puisqu'ils ne sauraient exprimer leur avis par un suffrage décompté devient inique ! Un vote blanc est un vote exprimé et qui doit peser sur le résultat final. S'agissant des votes locaux, où a-t-on jamais vu un mode de scrutin à la proportionnelle, à deux tours ? En France ! Ajoutez y la prime de 25% acquise par les vainqueurs (50% pour les élections municipales!), le non remboursement des frais de campagnes aux listes n'ayant pas franchi la barre des 5%, l'impossibilité de maintenir une liste ayant obtenu moins de 10% des suffrages exprimés (seulement 7% en Corse!), tous les ingrédients sont réunis pour rendre fort peu démocratique ce scrutin régional.
On peut douter que ces questions de fond retiennent longtemps l'attention des grandes formations politiques tout occupées qu'elles seront à limiter ou à amplifier le résultat, alors qu'elles devraient s'interroger sur le déficit structurel de démocratie qui se manifeste d'un seul coup ! Je crains que la passion présidentialiste n'empoigne très vite les partis qui ne visent rien d'autre que la conquête du pouvoir d'Êtat, sous la forme ultra centralisée que nous connaissons en France, et avec toutes les retombées que cette conquête font pleuvoir sur les bons servants ou serviteurs du Chef !
"Comme ça, on me foutra la paix avec ces Régions qui n'ont pas voulu de moi...!"
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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux