La France, l'Europe, ne sont pas en « crise » !
Une crise est la phase aiguë d'une maladie d'un corps humain (ou social).
Une crise est un accident, ce n'est pas un changement.
Ce qu'on veut faire passer pour une crise est une mutation.
Une mutation est une transformation.
Une mutation est une évolution irréversible.
La confusion générale actuelle a pour cause une contradiction.
On ne veut pas changer ce qui est en train de changer.
On annonce des changements qui n'en sont pas.
Les réformes, par exemple, sont des maintiens en l'état.
Le maintien d'un système qui prend l'eau.
Le maintien des privilèges quitte à briser brutalement des avantages acquis.
Le système social français n'est ni à détruire ni à maintenir.
Il est à repenser dans une nouvelle logique.
Une logique de solidarité universelle.
Le système économique occidental, lui, est malade, effectivement en crise.
Il subit « un changement subit et généralement décisif, en bien ou en mal » (Le Robert).
Il est bien en crise parce qu'il ne peut effectuer aucune mutation.
Ce ne sont donc pas les pays qui sont en crise mais le Système.
Ceux qui le font fonctionner ne peuvent le réformer.
Ils ne peuvent davantage en changer.
Alors on multiplie les explications aussi brillantes que creuses.
On effectue de nombreuses analyses assez vite contredites par les faits.
On s'évertue à convaincre qu'il n'y a rien à faire.
Il n'y aurait rien à faire d'autre que d'accepter des purges.
Rigueur, austérité, récession ne sont plus des mots tabous.
Il faudrait souffrir pour que les causes du mal restent... intouchées.
Aussi ne parle-t-on plus d'exigences écologiques.
On a compris qu'elles accompagnent et favorisent la mutation.
Elles font effectuer des sacrifices refusés par les privilégiés.
Les crispations puis les effondrements boursiers ne sont que des signes.
Les productions ne suivent plus les demandes suscitées.
Les ressources manquent pour produire plus.
Toute information nouvelle est déformée ou masquée.
Un trader, qui n'est que l'agent d'une banque, peut-il agir par de lui-même ?
Une pollution pétrolière géante n'est-elle pas plus qu'accidentelle mais criminelle ?
La pêche industrielle du thon rouge ne va-t-elle pas au-delà du renouvellement de l'espèce ?
L'abandon d'Haïti a été et ne reste-t-il pas la cause de l'immensité des effets du séisme ?
Le maintien du blocus de Gaza n'est-il pas une mise à mort économique ?
On peut allonger la liste de ces exemples du maintien féroce de l'injustice.
L'Afrique du sud misérable devient le temple provisoire d'un football sacralisé.
L'incitation au jeu, qui ruine les faibles, prend la forme d'entreprises informatiques.
On veut faire payer aux plus exploités le prix des erreurs de gestion des États.
On prétend qu'ont vécu au dessus de leurs moyens des foules poussées à consommer !
On cherche surtout à ne pas partager équitablement les efforts demandés.
L'Europe cesse alors, brutalement, d'être une espérance.
Elle devient un centre actif de généralisation de l'économie libérale.
Elle additionne les contradictions entre les intérêts des puissances locales.
La Grèce aura été la première à révéler le laxisme des plus riches.
L'Espagne, le bon élève de l'Europe hier, sombre dans l'échec du tout-immobilier.
La Grande Bretagne s'est livrée à la City et enfonce maintenant les humbles dans le malheur.
La Hongrie, où réapparaît la xénophobie, dit sa déception, après son entrée dans l'Union.
Les Pays-Bas cherchent aussi des boucs émissaires pour expliquer leur recul.
L'Italie se vautre dans un populisme indécent indigne d'elle.
L'Allemagne a peur de voir ressurgir son passé et veut conserver sa domination économique.
Quant à la France, elle ne sait où aller ailleurs que vers la satisfaction des riches.
Oui, l'Europe perd plus que sa monnaie ! Elle ne sait plus quel est son être politique.
Les citoyens européens, face à cet affaissement, ou subiront ou réagiront.
L'impuissance est actuellement le sentiment dominant et la résignation s'ensuit.
Les résultat électoraux l'attestent : l'Europe donne le pouvoir à ceux qui en disposent.
La mutation va donc s'opérer autrement que par des voies « démocratiques ».
Ou plutôt la démocratie va passer par d'autres voies que les voies électorales.
Les changements vont s'opérer silencieusement et douloureusement.
Entre « la vie simple » et « la vie terne » le choix sera vite fait.
Les moyens de consommer ce que la publicité offre vont reculer.
Il va falloir créer de quoi vivre mieux et la jeunesse saura le faire.
L'aliénation des esprits que les médias ont installé va se dissiper.
Il y faudra du temps mais la lucidité va faire émerger du neuf.
Il ne s'agit pas là d'optimisme mais des effets probales de réactions de survie.
L'écosophie, cette sagesse des rapports entre vivants, est donc à notre portée.
La décroissance, qui n'est encore qu'un mot-critique de la croissance, va prendre sens.
Désobéir n'est même plus nécessaire car c'est l'ensemble du projet social qui est récusé.
Cela portait jadis un nom : la révolution, mais ce qui vient est plus subtil.
Le retournement des perpectives n'est pas une idée mais une nécessité nouvelles.
La vie se cherche ailleurs que dans les mornes eaux où stagnent des pouvoirs dévalués.
L'alternance n'a aucun sens : elle revient toujours à ce qu'elle a dénoncé.
Le changement politique exige bien plus qu'un changement d'hommes.
L'alternative manque de contenu : reste à lui en donner un...
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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux