lundi 2 mai 2011

Ben Laden révélateur de notre inhumanité

Ce 2 mai 2011, les médias se sont déchainés : le monstre, le diable, le Terroriste est mort. Un commando américain a eu sa peau. Il n'est plus. Une balle dans la tête a suffi, nous dit-on. On ne vérifiera pas : son corps, transporté sur un porte avion, a été mis à la mer.

C'est à qui se réjouira le plus ! Je pardonne à ceux dont un proche est mort à New-York ou ailleurs. Je comprends les sentiments de répulsion de ceux qui ont constaté l'horreur des attentats. Je ne m'explique pas le déferlement de propos bien pensants qui sont ceux des professionnels de la parole lesquels ne prennent aucun recul pour approuver une exécution.

Cette affaire pue le mensonge ! Ben Laden ne méritait aucune compassion, certes, mais il aura été traité, y compris après sa mort, comme une bête, avec indignité. Nous sommes obligés de "croire" ce qui nous est dit des conditions de sa mort, de la découverte de son repaire, de la connivence (ou non) des autorités pakistanaises, du transport de son corps, de la cérémonie ayant précédé l'immersion, des raisons de la non remise de la dépouille à la famille (j'ose l'évoquer, oui !), de l'absence de contact avec les autorités religieuses musulmanes, des morts qui ont entouré celle de Ben Laden lors de l'affrontement final, bref la vérité ne nous sera révélée que partiellement, selon les besoins de la propagande politique made in USA, relayée abondamment dans tout l'occident.

Nul ne se pose la question la plus simple, la plus fondée en humanité : comment faire pour que Ben Laden ne soit pas traité comme il a fait traiter tant de victimes des attentats qu'il a commandités. À son inhumanité, quelle humanité a-t-on opposée ? La violence a répondu à la violence, c'est un fait, mais joie, triomphe, victoire sont des mots inappropriés pour parler d'une opération où il s'est agi, comme l'a dit crument, François Fillon, "d'éliminer" l'ennemi public numéro un.

Les réjouissances autour de la mise à mort d'un assassin, exécuté avant même d'avoir pu être jugé, me révulsent parce qu'elles me plongent dans une réalité odieuse à laquelle rien ne me permet d'échapper : donc, "c'est ainsi que les hommes vivent", et tuer reste un acte banal ou nécessaire, comme depuis l'apparition de l'homme sur Terre. Ce constat que je voudrais ne pas avoir à faire me porte au bord du désespoir. Il n'y a ni pitié, ni logique, ni avenir dans ces millions de cris de plaisir proférés par ceux qui sont soulagés par la fin (croient-ils) de l'hydre de la Terreur.



Les bavardages abjects des journalistes chargés de nous inonder de commentaires dont ne pourra plus se débarrasser notre inconscient m'emplissent de honte et de colère. Pendant ce temps, le cadavre de Jean-Paul II est rentré dans sa crypte et ses zélateurs ont repris leur train. Pendant ce temps, une autre terreur, celle de Fukushima s'apaise mais toujours pas l'ardeur des foyers générateurs de radioactivité. Pendant ce temps, Khadafi porte encore la terreur autour et loin de lui ; il la subit aussi, jour après jour, ainsi que ses proches. Pendant ce temps, la soldatesque syrienne sème la terreur et massacre qui ne se soumet.

Le terrorisme est la chose du monde la mieux partagée. "Ça va", chantait Brel, au nom du diable... Et moi, qui persiste à penser que la non-violence active est seule à même de donner un peu de dignité à notre espèce, me voilà, de nouveau, à la recherche de ce qui rend l'homme humain, même en face d'un fanatique impitoyable...

Céder, se soumettre, s'incliner, devant la domination de l'inhumanité des États, comme des individus, serait mourir. Sans utopie, il n'est d'autre voie que le suicide. Je n'ai pas encore renoncé à vivre.

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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux

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