lundi 9 juillet 2007

Vivement 2084, qu'on aille voir ailleurs...

L'information, ce matin, sur France-Inter, nous cueille à froid...

À peine éveillé, ne voilà-t-il pas qu'on apprend, successivement, qu'il faut, comme en Grande-Bretagne, installer des caméras partout afin de lutter efficacement contre le terrorisme, que la politique économique de la France défendue par Nicolas Sarkozy en personne, lors de la réunion européenne des grands argentiers, consiste, notamment grâce au "paquet fiscal" que va voter le Parlement, à produire plus pour consommer davantage, et, enfin, que, si le prix de la baguette de pain augmente, il faut espérer que le blé OGM permettra de faire chuter le coût de la farine...

Aucune critique, aucun commentaire n'accompagnent ces énormités.

Le terrorisme a bon dos. Quelle action terroriste menace particulièrement la France? Qu'est-ce que le terrorisme, en clair? Qu'est-ce qui provoque l'extrême violence aveugle? Comment démotiver les acteurs d'actes visant des populations civiles? Quelle est la cause de la mutiplication des candidats à la mort subie pour assurer la "réussite" d'opérations faites pour épouvanter le monde entier par ces surgissements, n'importe où, de la mort donnée? Ces questions ne sont ni posées ni traitées. En tout cas pas devant l'opinion publique. Gog et Magog? Il faut lire, sur internet, les élucubrations effroyables des doctes, juifs ou musulmans, qui au travers de ce mythe biblique, font surgir le thème de la fin du monde dans une guerre inéluctable des civilisations! Nous voici la proie d'un gigantesque fantasme auquel aucun pouvoir n'échappe et dans lequel la liberté du citoyen est engloutie. De Big Ben à Big Brother, à Londres, les citoyens sont sous surveillance électronique et se croient protégés. Le Bourdon de Notre-Dame va-t-il sonner pour nous avertir du pire des périls : la remise du sort de chacun entre les mains de la police d'État. Le terrorisme à domicile en quelque sorte pour mieux lutter contre le terrorisme dans le Métro. Ce monde est fou.

Après le "travailler plus pour gagner plus", voici, dans la même suite logique, le "produire plus pour consommer davantage". Bien entendu, cela ne serait nullement incompatible avec le Grenelle de l'environnement dont on nous rebat les oreilles. La nouvelle croissance dont nous parle Fillon n'est pas une autre croissance, c'est une croissance plus forte. Pas même question de produire mieux pour consommer meilleur. La fuite quantitative en avant est assurée : les obstacles à la croissance dus à la dégradation de l'environnement vont être corrigés et le progrès économique repartira de l'avant! Comme le disait, en substance, Pierre Radamme, le 6 juillet, au cours du débat télévisé qui suivit le film "Vu du Ciel", qu'avait présenté Yann Arthus Bertrand: "on peut, tout à la fois, en appeler à la conscience des téléspectateurs et encadrer l'émission par des messages publicitaires affirmant le contraire de ce qu'on veut démontrer." Il va bien falloir que se réveillent tous les béats qui croient encore que le ministre d'État, Borloo, peut faire autre chose que d'essayer d'adapter une économie non contestée, aux nécessités et aux menaces du temps! La naïveté politique a atteint ses limites. Dire une chose et son contraire peut être vu comme un art fascinant, mais la bulle de savon miroitante explose dès que c'est du réel qu'il faut traiter. Ce monde vit dans un mirage.

Ce grand boulanger alsacien, interviewé à propos du renchérissement du prix du blé et donc de la farine, et par conséquent de notre baguette de pain nationale, n'a rien trouvé de mieux, pour rassurer, que de prédire la venue d'une farine produite à partir d'une graine moins fragile, plus constante, bref d'un blé traité aux OGM... Le pain, symbole du bien vivre alimentaire, va devoir à son tour, subir les exigences d'une économie de marché rationnelle et efficace. On avait déjà constaté l'augmentation stupéfiante du prix de la baguette (un euro la baguette dite... de tradition!). Cela ne suffit pas : non seulement on paiera plus cher encore mais on ne discutera plus de la qualité des farines. C'est l'affaire des minotiers. Ce monde nous gâche notre pain quotidien.

Ces trois exemples entrent dans une même description, celle d'une société dont les acteurs les plus puissants visent à "faire tenir tranquilles" des populations qui doivent consommer, travailler et payer sans discuter ni protester. Du Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley à 1984 de George Orwell, ces deux immenses écrivains britanniques, beaucoup avaient retiré que ce qui nous menaçait le plus, c'était la dictature du Parti fondue dans la dictature de l'État. On s'aperçoit aujourd'hui que le propos menait plus loin : la démocratie elle-même est atteinte en son cœur. La pensée unique n'est pas faite pour les autres; elle s'impose, et c'est celle des maîtres de la mondialisation. Nous aurons donc et des caméras partout et des travailleurs dociles et du pain cher fait d'un blé génétiquement modifié.

En 2084, le meilleur des mondes possibles sera-t-il à rechercher sur une autre planète? Peut-être, mais aurions-nous, d'ici là, le temps de fabriquer tous les vaisseaux capables d'emporter une part suffisante de l'espèce humaine pour tenter de perpétuer l'aventure humaine?

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Le 3 octobre 2013.
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Jean-Pierre Dacheux

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