samedi 14 août 2010

De la norme et du relatif

Là où il y a norme, il y a culture. Là où il y a culture, il y a relatif. Si bien que nous sommes constamment en équilibre entre le stable et l'instable. Nous sommes en marche. Sans points d'appui on chute. Sans déplacement, sans échappée à la norme, il y a immobilisme et fin. Si bien que le compromis à rechercher sans cesse est une oscillation entre l'acquis et la remise en questions.



Cette hésitation fructueuse entre la certitude et le doute traverse toute politique digne de ce nom. Le conservatisme est une mort sociale. Les transformismes impatients peuvent conduire au pire et le nazisme autant que le stalinisme ont été des négations du passé et non un dépassement du passé.

Le malheur de l'humanité tient à cet enfermement dans la contradiction apparente entre la norme et le relatif. La norme est à droite. Le relatif est à gauche. Pourtant il est du relatif dans la norme et le relatif cherche de nouvelles normes. La tradition est un fixisme au nom duquel on fait violence à tout ce qui n'est pas dans l'ordre établi. La révolution est un retournement qui change les places ou les acteurs sans changer les rapports de domination. L'histoire nous a informés de tout cela mais il reste à penser une nouvelle histoire.

De toutes les contradictions celle que Max Weber a mis en évidence à propos du monopole de la légitimité de la violence par l'État m'apparait la plus douloureuse. Les violences d'État ont plus détruit de vies que l'ensemble des violences criminelles. Cela est su. Ce qui est moins abordé, hormis dans les milieux anarchistes, c'est que l'État lui-même est une violence. Changer de politique sans changer l'État, c'est s'enfermer dans une norme tabou, un pacte sacré qui rend impossible ce dont le XXIe siècle a besoin : l'autonomie.



L'autonomie jette un pont entre la norme et le relatif. Sans norme l'autonomie est impraticable. Sans relativité, il n'est pas de diversité des choix et des comportements, pas d'autonomie. La quête de la liberté véritable se situe là, entre l'établissement de repères durables (les normes) et la possibilité constante de supprimer des repères ou de les changer de place (le relatif). Le génie des hommes, c'est de disposer de cette culture qui permet de marier le repérable et le modifiable. La plongée dans le temps vécu fait le reste.

Encore un tâtonnement expérimental à effectuer : la vie en société dans l'autonomie maximale ne peut que bouleverser nos pratiques économiques et législatives. Le droit n'est plus droit, c'est-à-dire raide. Il deviendra souple, modifiable, pliable et d'autant plus solide. Telle est la perspective. L'éloge de la folie a été rédigé bien avant que je naisse ! Folie pour folie, utopie pour utopie, si l'on veut que l'homme continue d'être, et d'être un être de culture, il lui faudra bien entrer dans cette folie.



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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux

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