Thomas More, fondateur d'Utopia..
Nous avons besoin d'utopie.
Car nous avons besoin d'une espérance crédible.
L'utopie est une réalisation en marche qui a un temps d'avance.
La politique sans utopie n'est qu'une gestion cynique.
Quand l'utopie est une illusion elle n'est pas l'utopie.
Elle est une inconscience.
L'utopie est une conscience exacerbée.
Elle dit les besoins du monde et, pour cela, choque.
Elle dit qu'un homme vaut un homme
et que l'égalité n'est rien de plus qu'une nécessité vitale.
Elle dit que partager n'est pas une générosité
mais le meilleur moyen d'occuper humainement la Terre.
Elle dit que « Liberté, égalité, fraternité »
n'est pas une devise de pure forme.
Elle dit, avec Aragon, que « le bonheur existe
ailleurs que dans les rêves, ailleurs que dans les nues »
Elle dit, avec Kant, que l'hospitalité,
sur une Terre ronde, est notre sort inévitable.
Elle dit que le réalisme n'est qu'une résignation
et qu'il faut inventer notre avenir.
Elle dit que le pouvoir sur autrui
n'est pas le pouvoir sur le réel.
Elle dit que prendre parti, c'est vouloir choisir
mais que se donner à un parti, c'est se limiter.
Elle dit que l'espoir n'est pas d'attendre un mieux,
c'est d'oser le créer contre toute évidence contraire.
Elle dit que l'universel n'est pas loin, mais en soi,
et que le sort de l'humanité entière, c'est le mien.
Elle dit que dominer est une violence
et que nul ne peut se vouloir maître de quiconque.
Elle dit que la tendresse n'est pas une faiblesse
et que la dureté de cœur est pire que celle d'un roc.
Elle dit le mal n'est pas en l'homme, ni le bien,
et que nous sommes responsables de notre histoire.
L'utopie est le lieu de nul lieu, ce lieu du bonheur qui n'existe pas
et qu'il faut pourtant faire exister, mot à mot, acte par acte.
L'utopie est un pari : celui qui nous fait penser
que la vie vaut d'être vécue.
Là où aucune utopie ne subsiste
c'est la mort qui s'installe.
L'utopie est une écosophie, une sagesse
qui donne le droit d'être aux sept milliards d'humains.
L'utopie est l'énergie spirituelle qui fait agir
et sans laquelle la société serait morne et plate.
L'utopie amène à regarder devant soi
pour savoir quel autre monde est possible.
L'utopie est une négation des cultes et des clôtures
à commencer par ceux qui nous enferment dans l'or.
L'utopie est l'activité d'une conscience suraiguë
qui ne se résout pas à subir la médiocrité des temps.
La fin de l'utopie serait la fin du monde
la fin de toute recherche d'un mieux pour les vivants.
L'utopie est l'opposé du renoncement
le refus du « il n'est pas d'autre choix possible »
L'utopie a cent noms et mille formes,
mille perversions aussi qui la font disparaître.
Le communisme soviétique fut une utopie pervertie,
un en-commun confisqué par la dictature du parti.
Le socialisme contemporain est une utopie pervertie,
une trahison de ce qui lui donna naissance.
L'utopie est politique ou n'est pas.
Une politique sans utopie, sans but, n'est qu'arrivisme.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux