Courant 2011, le Sénat sera en partie renouvelé.
Cette Assemblée parlementaire est le symbole même de la non-politique.
Le Sénat est constitué d'élus du second degré. Ils n'ont donc, en principe, de compte à rendre qu'à une partie des élus des assemblées locales qui les ont désignés (lesquels n'auront aucune occasion de leur demander ces comptes !). Le Sénat est, en majorité, composé de gérontes expérimentés, entourés de collaborateurs qualifiés et disposant de moyens de travail sans équivalents. Le Président du Sénat (on se demande pourquoi !) est le second personnage de l'État. La "Haute Assemblée" (ainsi nomme-t-on aussi, à mes yeux ridiculement, le Sénat !) est censée équilibrer les éventuels excès du suffrage universel direct. En réalité, ce fut toujours, depuis 1875, un contre-pouvoir conservateur chargé de veiller à ce que la République reste centrée à droite.
Depuis que le l'Assemblée nationale est plus à droite encore que le Sénat, et depuis que les Collectivités territoriales, (Régions, Départements et grandes villes) sont majoritairement dominées par des élus membres du parti socialiste, on se prend à rêver, dans les rangs de l'actuelle opposition que le Sénat passe "à gauche" en septembre 2011. Voilà qui crée des ambitions nouvelles ! D'anciens ministres de la République, du temps de Lionel Jospin, cherchent à se recaser là où d'importants et nouveaux moyens d'exister politiquement peuvent apparaitre.
L'attrait des traditions a ses limites. La Sénat n'est pas une tradition républicaine mais une contradiction républicaine. Il n'a plus sa raison d'être, mais c'est une trop belle sinécure pour qu'on mette en question son existence. De Gaulle avait été battu quand il voulut le réformer. Ce n'est peut-être pas demain la veille qu'on écartera de la représentation populaire cet outil au service des riches et qui collabore si bien avec le pouvoir autoritaire actuel.
Curieux retournement : c'est au moment où le PS passe à la gauche de la droite qu'il lui devient possible de faire élire une majorité qui ne soit pas franchement à droite. Le Sénat est bien le thermomètre qui mesure l'état de conservatisme de la France. Quels que soient les partis dominants, c'est le pouvoir libéral qui se tapit dans l'ombre de ce Sénat fastueux et obsolète.
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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux