Le vote, même libre, n'est pas un gage de démocratie. J'ai déjà tenté d'approcher les limites d'une construction politique qui a donné d'immenses espérances et qui génère, actuellement, des déceptions multiples. La démocratie n'est plus que la caricature de ce que des partis populaires ont loué pendant des générations : prendre le pouvoir par les urnes, sans violences. Cet idéal, que des millions de petites gens ont visé, tout au long de leur vie d'adultes, et porté donc par le peuple (ainsi nommait-on "la classe ouvrière") s'est affadi avant de s'évanouir.
Aujourd'hui, il saute aux yeux que la force armée, les mensonges des dirigeants, la manipulation médiatique contraignent ou orientent les électeurs vers des choix pré-établis. Il n'y a pas besoin de se rendre en Égypte, en Côte d'Ivoire ou en Haïti pour se convaincre que les tricheurs commandent et sont prêts à ouvrir le feu sur les mauvais votants ! C'est dans les pays occidentaux autoproclamés démocratiques qu'il convient de débusquer les agents de l'oligarchie financière toute puissante, détentrice des moyens permettant de tout acheter, sans même qu'il soit besoin de recourir à la concussion ou à la malversation ! Il suffit à ces professionnels de la politique de prouver qu'on a les moyens d'agir pour convaincre les citoyens que le pouvoir ne peut aller ailleurs et en particulier pas entre les mains inexpérimentées d'amateurs impécunieux.
On le voit bien avec ce qui s'est passé aux USA : la panique et le désespoir apparus en pleine crise économique mondiale, l'incompétence révoltante du président Bush, l'extraordinaire personnalité intellectuelle du candidat démocrate, la nouveauté que ce dernier incarnait pour une large part des citoyens américains jusqu'alors oubliés, la faiblesse du camp républicain écrasé par sa responsabilité dans la guerre d'Irak, tous ces facteurs ont conduit Barak Obama à la Maison Blanche. Moins de deux ans après, il a perdu la majorité au Parlement et le désenchantement de son camp est à la mesure du retour aux commandes de Représentants inféodés au capitalisme. Rien n'a changé : la peine de mort, le rejet des choix écologiques majeurs, l'assimilation de toute mesure de justice sociale à un communisme sectaire et étatiste caractérisent, de nouveau, la politique américaine. Rien ne changera, en tout cas, par le haut : ce qui vaut aux USA, comme ailleurs, c'est l'initiative de millions d'hommes qui ont tourné leur vie dans une direction nouvelle, sans tenir compte de de ce qui se vote ou ne se vote pas dans les assemblées parlementaires.
Jean-Jacques Rousseau, qui avait de l'oligarchie une conception tout autre que la nôtre, n'était pas un défenseur de la démocratie parce que, selon lui, le peuple ne pouvant abandonner sa souveraineté et ne pouvant pas fonctionner en agora permanente, ne pouvait que confier le gouvernement à un petit nombre d'exécutants. Sa pensée toujours travestie, déformée ou ignorée n'a jamais été prise en considération même si elle a influencé profondément la période révolutionnaire. Le Contrat social ne débouchait pas sur la démocratie représentative telle que la défendirent, dès 1790, Condorcet et Séyès. La voie de la "démocratie directe" étant, pour Jean-Jacques, bouchée par le trop grand nombre d'avis à prendre en compte, et celle de la "démocratie représentative" étant, à ses yeux, interdite par l'impossibilité de déléguer à quiconque son pouvoir citoyen, ne restait que la voie oligarchique, celle du petit nombre d'acteurs ayant, pour un temps, la charge d'accomplir (et non de concevoir) les opérations nécessaires, la mise en œuvre d'une politique.
La nuance relative au gouvernement oligarchique est considérable : elle interdit pratiquement le gouvernement des riches et exige, oui, la vertu et la probité ! On peut en rire, c'est pourtant la condition même d'existence de ce gouvernement qui ne dirige pas, qui allie l'art du pilote, au gouvernail, avec la volonté des passagers qui se sont embarqués en ayant choisi eux-mêmes leur port. Chaque voyage (chaque mandat) dépend alors de la détermination d'un objectif dont l'équipage du navire et son commandant ne devront jamais se détourner.
Le désamour de la politique n'a qu'une seule explication : la constatation de l'impuissance du peuple constituant la République, avec ou sans les élections. La comédie démocratique, les jeux scéniques qui permettent de mimer la démocratie, sans obéir à ses exigences fondamentales, ne peuvent que faire s'éloigner de la politique ceux qui voudraient y consacrer leur vie et ne le pourront jamais.
Actuellement les tâtonnements qui conduisent à rechercher, sur "la toile" des chemins de la connaissance et de l'influence politiques, où l'État et les partis ne puissent aller effectuer leurs contrôles, nous donnent à penser que des risques dangereux vont être pris mais aussi que des expériences nouvelles seront tentées pour échapper à un système vieillissant qui a conservé l'apparence de la démocratie et pas la substance.
Ma recherche d'une démocratie véritable plus proche de celle de Simone Weil, la philosophe, que de celle de Simone Veil, la femme politique devenue Immortelle, me conduit vers ceux qui se sont écartés des partis pour mieux agir en politique. Je ne m'éloignerai plus de ce lieu politique aux contours flous, mais non bornés, mais sans me laisser enfermer dans le coin du... mauvais citoyen, celui qui maugrée sans s'engager.
Voir sur la naissance de la démocratie représentative : http://www.laviedesidees.fr/La-democratie-representative-est.html
On le voit bien avec ce qui s'est passé aux USA : la panique et le désespoir apparus en pleine crise économique mondiale, l'incompétence révoltante du président Bush, l'extraordinaire personnalité intellectuelle du candidat démocrate, la nouveauté que ce dernier incarnait pour une large part des citoyens américains jusqu'alors oubliés, la faiblesse du camp républicain écrasé par sa responsabilité dans la guerre d'Irak, tous ces facteurs ont conduit Barak Obama à la Maison Blanche. Moins de deux ans après, il a perdu la majorité au Parlement et le désenchantement de son camp est à la mesure du retour aux commandes de Représentants inféodés au capitalisme. Rien n'a changé : la peine de mort, le rejet des choix écologiques majeurs, l'assimilation de toute mesure de justice sociale à un communisme sectaire et étatiste caractérisent, de nouveau, la politique américaine. Rien ne changera, en tout cas, par le haut : ce qui vaut aux USA, comme ailleurs, c'est l'initiative de millions d'hommes qui ont tourné leur vie dans une direction nouvelle, sans tenir compte de de ce qui se vote ou ne se vote pas dans les assemblées parlementaires.
Jean-Jacques Rousseau, qui avait de l'oligarchie une conception tout autre que la nôtre, n'était pas un défenseur de la démocratie parce que, selon lui, le peuple ne pouvant abandonner sa souveraineté et ne pouvant pas fonctionner en agora permanente, ne pouvait que confier le gouvernement à un petit nombre d'exécutants. Sa pensée toujours travestie, déformée ou ignorée n'a jamais été prise en considération même si elle a influencé profondément la période révolutionnaire. Le Contrat social ne débouchait pas sur la démocratie représentative telle que la défendirent, dès 1790, Condorcet et Séyès. La voie de la "démocratie directe" étant, pour Jean-Jacques, bouchée par le trop grand nombre d'avis à prendre en compte, et celle de la "démocratie représentative" étant, à ses yeux, interdite par l'impossibilité de déléguer à quiconque son pouvoir citoyen, ne restait que la voie oligarchique, celle du petit nombre d'acteurs ayant, pour un temps, la charge d'accomplir (et non de concevoir) les opérations nécessaires, la mise en œuvre d'une politique.
La nuance relative au gouvernement oligarchique est considérable : elle interdit pratiquement le gouvernement des riches et exige, oui, la vertu et la probité ! On peut en rire, c'est pourtant la condition même d'existence de ce gouvernement qui ne dirige pas, qui allie l'art du pilote, au gouvernail, avec la volonté des passagers qui se sont embarqués en ayant choisi eux-mêmes leur port. Chaque voyage (chaque mandat) dépend alors de la détermination d'un objectif dont l'équipage du navire et son commandant ne devront jamais se détourner.
Le désamour de la politique n'a qu'une seule explication : la constatation de l'impuissance du peuple constituant la République, avec ou sans les élections. La comédie démocratique, les jeux scéniques qui permettent de mimer la démocratie, sans obéir à ses exigences fondamentales, ne peuvent que faire s'éloigner de la politique ceux qui voudraient y consacrer leur vie et ne le pourront jamais.
Le retour des États généraux, peut-être, ou mieux encore, le recours à de nouveaux Cahiers de doléances, permettraient d'entendre la voix du peuple dans le détail de ses espérances. Encore faudrait-il que la volonté révolutionnaire se réexprime en 2011 comme en 1788 : le contenu de ces Cahiers ne pouvant qu'être accepté, développé et... exécuté. Là se trouve la question majeure : re-susciter l'élan démocratique qui doit ne rien confier, les yeux fermés, à des représentants, quels qu'ils soient, élus, au premier comme au second degré, députés ou sénateurs.
Actuellement les tâtonnements qui conduisent à rechercher, sur "la toile" des chemins de la connaissance et de l'influence politiques, où l'État et les partis ne puissent aller effectuer leurs contrôles, nous donnent à penser que des risques dangereux vont être pris mais aussi que des expériences nouvelles seront tentées pour échapper à un système vieillissant qui a conservé l'apparence de la démocratie et pas la substance.
Ma recherche d'une démocratie véritable plus proche de celle de Simone Weil, la philosophe, que de celle de Simone Veil, la femme politique devenue Immortelle, me conduit vers ceux qui se sont écartés des partis pour mieux agir en politique. Je ne m'éloignerai plus de ce lieu politique aux contours flous, mais non bornés, mais sans me laisser enfermer dans le coin du... mauvais citoyen, celui qui maugrée sans s'engager.
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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux