Patrick Viveret, dans un article de Médiapart, qu'il faut lire en son entier, souligne pourquoi non seulement l'euro mais l'Europe sont en danger. Il n'hésite pas à décrire où se trouvent les risques de guerre intérieure et extérieure !
"Les libéraux et les marxistes confondent le capitalisme et le marché. Le capitalisme est dans une logique de puissance, et si on le laisse se développer sans frein, il détruit aussi les échanges et les marchés, comme l’avait souligné l’historien Fernand Braudel.
Le capitalisme est dans une logique de trusts, industriels hier, informationnels aujourd’hui. Mais le vrai marché est une institution qui suppose de la régulation : il lui faut de la paix et du droit. La première partie de l’histoire des institutions européennes était nourrie par l’expérience des faits totalitaires, de la guerre et par les dérèglements nocifs de la première «société de marché», décrite par Karl Polanyi.
A partir du moment où on a basculé, de plus en plus vite, vers une Europe qui devenait le vecteur d’imposition de la logique de globalisation financière, l’Europe a commencé à se déstructurer de l’intérieur. Au lieu d’être protectrice, elle est devenue menaçante. Et on arrive aujourd’hui à un point critique, où cette Europe-là est incapable de défendre ses propres avancées. Si on reste dans cette mécanique, on risque de ne pas vivre seulement la fin de l’Euro, mais un éclatement de l’Europe elle-même".
"Une économie entièrement autonome vis-à-vis du politique et de toute éthique engendre des formes de guerres civiles intérieures : on en a perçu les germes lors des émeutes britanniques de l’été. Mais elle porte aussi en elle les germes de guerres internationales. Les éléments de révolte sociale sont déjà présents et le seront plus encore avec les programmes d’austérité.
Et la meilleure façon de canaliser des révoltes, c’est toujours de construire des logiques de boucs émissaires. Soit des boucs émissaires intérieurs, comme les Juifs hier ou les Roms aujourd’hui. Soit des boucs émissaires extérieurs. Les révoltes sociales qui montent en Chine face à la classe des nouveaux riches pourraient bien faire que Taïwan devienne un enjeu de conflit majeur. Et, pour Israël, une bonne façon de détourner les puissantes revendications de leurs indignés, c’est un conflit avec l’Iran. Les politiques économiques actuelles sont autant de bombes à retardement planétaires".
http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/141111/patrick-viveret-la-paix-et-la-democratie-sont-menacees
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Le 3 octobre 2013.
Et maintenant, exprimez-vous, si vous le voulez.
Jean-Pierre Dacheux